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Qui fait et défait la loi dans la République ?
Communiqué LDH
Ainsi donc, la « Manif pour tous les
intégristes » a gagné. La promesse faite en 2012, les amendements présentés
par les députés socialistes lors de la loi sur le mariage instituant l’égalité
d’accès à la PMA, l’engagement qui leur avait été fait que ce que l’on bloquait
alors serait repris en 2014 dans la loi sur la famille… Tout cela est passé à la
trappe.
Comme il y a dix ans, le ministre de l’Intérieur
est Premier ministre, ministre de la Famille, ministre de la Justice,
auto-investi du pouvoir de définir le « destin » des Roms, des
étrangers, des homosexuels, de déclencher des censures a priori, etc.
Ainsi donc, le reste du gouvernement ne sert à
rien. Le Parlement ne sert à rien. Les associations porteuses d’égalité des
droits, la « société civile », dont on nous rebat les oreilles quand
cela peut servir la communication électoraliste, tous ceux qui connaissent
l’état réel de la société quant aux rapports familiaux, aux droits et à
l’intérêt réel des enfants, eux non plus ne servent à rien.
Quel gâchis démocratique ! Aujourd’hui comme
hier, le mélange d’astuce et d’inaction est un double message que ses auteurs ne
sont pas en état de maîtriser. Aux manifestants d’extrême droite et de droite
extrême, que l’on croit naïvement « apaiser », on montre « ce qui
paie » : à quand les mobilisations des « familles » sur la
« fin de vie », contre l’avortement, pour une Europe à la Mariano
Rajoy ? Et message non moins redoutable, pour toutes celles et tous ceux
qui avaient entendu « le changement, c’est maintenant » :
citoyens électeurs qui vous imaginiez souverains, députés qui vous imaginiez
législateurs, voyez comme le vrai pouvoir, qui est ailleurs, est capable de
faire très vite ce qu’il n’avait pas dit, et d’oublier très vite de faire ce
qu’il avait promis.
Avec cette combinaison d’impuissance et de
reculade face aux forces les plus régressives, avec une forme d’autoritarisme
face au Parlement et un mépris des engagements pris, c’est l’effectivité de la
démocratie qui est gravement compromise. Et l’on peut craindre que ceux qui ont
fait ce pas de clerc ne soient pas les seuls à en payer le prix.
La Ligue des droits de l’Homme, solidaire de tous
ceux et toutes celles qui continuent à faire avancer l’égalité des droits,
appelle les citoyennes et les citoyens à continuer à construire ensemble un
avenir qui n’est ni dans le rétroviseur ni dans l’immobilisme.
Paris, le 4 février 2014
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