vendredi 31 mars 2017

SOS DEMOCRATIE

 




A l’approche de l’élection présidentielle et des législatives, nous sommes saisis d’angoisse par leur contexte marqué par la peur et la démagogie. Au mépris de la complexité des situations et des enjeux, s’allient surenchères de haine, d’autoritarisme et de désespérance.

Face à l’installation d’une société de surveillance, à la désagrégation sociale et à la soumission de la politique aux pouvoirs économiques, de nombreuses questions essentielles pour l’avenir nous préoccupent : le changement climatique, la restauration de l’Etat de droit, le besoin d’une démocratie plus inclusive, le rôle de notre pays dans le monde et en Europe, entre autres. Parmi toutes les questions soulevées, trois nous semblent primordiales : nos libertés, notre démocratie et notre capacité à faire société.

• Vivre libre

Depuis trente ans, la restriction des libertés au nom de la sécurité n’a cessé de prendre de l’ampleur. S’appuyant sur l’exploitation de la peur, la quasi-totalité de la représentation politique n’a eu de cesse de laisser croire que la surveillance de masse, un droit d’exception devenu droit commun, conjugué à des pouvoirs envahissants de l’Etat, constituerait la réplique adéquate. Mais trente ans de restrictions des libertés n’ont aucunement diminué le sentiment d’insécurité. L’option choisie par les différents gouvernements, de droite comme de gauche, d’ouvrir les vannes d’une surveillance et d’un fichage de masse doit être remise en cause dans ses finalités comme dans ses modalités. La doctrine d’engagement des forces de l’ordre doit être repensée, l’autorité judiciaire doit se voir reconnaître effectivement son indépendance.


• Vivifier la démocratie

D’un côté, le déplacement des lieux de pouvoir en France ou en Europe à des niveaux où ils ne sont plus perceptibles crée un sentiment d’exclusion. D’un autre côté, la capacité et le désir de donner son avis, de participer au processus de décision vont croissant. Alors que participer est devenu le maître mot, les processus de consultation et d’expression inscrits dans la loi ne fonctionnent pas. Construire de nouvelles démarches démocratiques est une urgente nécessité.
S’attaquer réellement au cumul des mandats, combattre la sous-représentation des femmes et faire respirer la représentation politique en l’ouvrant à toutes les catégories sociales, c’est d’abord modifier les modes de nomination dans les mécanismes de contrôle afin de leur ôter toute connotation politique. C’est aussi rétablir, au sein du Parlement, un débat qui ne soit pas oblitéré par l’exécutif, l’urgence ou l’avalanche législative et qui respecte l’expression des minorités. Devant l’augmentation de la précarité et de la pauvreté, l’accroissement des fractures territoriales et la réduction des droits sociaux, Il nous faut rendre effective l’égalité d’accès pour toutes et tous à tous les droits, économiques, sociaux et environnementaux, civils et politiques.

Faire société

Face aux phénomènes qui gangrènent notre société : obsession des origines, division en communautés, affirmation d’une « identité française » qui postule l’exclusion hors de la communauté de celui ou de celle qui ne remplit pas certains critères, il convient de combattre cette haine et ces discriminations.

En conclusion, nous n’entendons pas nous contenter de gémir sur nos libertés perdues, la crise de notre démocratie et la montée des racismes. Au rappel des principes essentiels et toujours pertinents, nous voulons ajouter des propositions alternatives, à même de répondre aux préoccupations qui se manifestent. Il s’agit de préparer l’avenir et de restituer sa force d’espérance à l’idéal républicain. C’est pourquoi nous voulons partager les expériences et les propositions des acteurs de la société civile et porter dans le débat public ces enjeux véritables, essentiels, urgents, auxquels notre société doit répondre.

LIGUE DES DROITS DE L’HOMME
Section de Charleville-Mézières- Section de Vouziers
charleville-mezieres@ldh-france.org- vouziers@ldh-france.org

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